DES SARREBOURGEOIS SUR LES TRACES DE SAINT-EXUPERY

Rallye aérien Toulouse-Sénégal : l'exploit des Mousquetaires

L'équipage mosellan du rallye aérien Toulouse-Saint-Louis-du-Sénégal-Toulouse a terminé à la première place. Un exploit inattendu dû à la complicité de trois amis, et qui augure d'autres départs à vocation sportive et humanitaire.

SARREBOURG.- Hier, vers 14 h 20, le ciel est dégagé autour de l'aérodrome de Sarrebourg-Buhl. "Ils arrivent". L'aéronef des Mousquetaires volants survole tous feux allumés les familles et amis venus les féliciter. Une fois le TB 20 posé, les pilotes brandissent le buste d'Antoine de Saint-Exupéry, trophée reçu la veille en mairie de Toulouse en présence du maire, Philippe Douste-Blazy. Tout un symbole. "Nous y tenons, c'est assez incroyable et nous voulons qu'il soit en bonne place". Pascal Ingweiler et Eric Heinrich, deux des Mousquetaires, le troisième Hervé Bérhardi étant pilote instructeur de métier basé à Carcassonne, n'ont pas encore assez de recul pour mesurer l'exploit qu'ils viennent d'accomplir. Partis de Sarrebourg le 4 octobre, ils ont rallié le nord du Sénégal en six jours au sein d'une flotte aérienne composée de quatre-vingt-dix passionnés d'aéronautique. Le rallye Toulouse-Saint-Louis-du-Sénégal- Toulouse, créé en 1983, allie compétition, histoire et solidarité. Cette course de 10 000 km, organisée sur le tracé suivi jadis par les pionniers de l'Aéropostale (Mermoz et Saint-Ex en tête) est un challenge technique et humain unique en son genre, les pilotes devant faire preuve d'adresse au-dessus de zones désertiques ou marécageuses.

"L'esprit d'équipe" "Quand on est à 150 nautiques de la première piste, nous n'avons pas droit à l'erreur, d'où l'importance de bien connaître la machine, et d'avoir un pilote chevronné à bord " confie Eric, dont c'était la première participation.
L'an dernier, lors de leur première expédition, les Mousquetaires avaient terminé 10e sur seize participants. Pour cette vingtième édition, ils ont fini premiers sur 25 !
"Nous étions 4e au soir de la première étape, c'était déjà bon signe. Nous avons essayé de rester constants, et on a terminé seconds du Challenge Saint-Louis-du-Sénégal à mi parcours à 10 points du premier, puis nous sommes passés devant", relate Pascal. "Alors nous nous sommes concentrés sur l'aspect sportif et au retour, nous avions moins les yeux dehors". Alicante, en Espagne, Tanger, Casablanca au Maroc, Atar en Mauritanie, ont constitué les principales étapes de ce périple hors norme. "L'esprit d'équipe est essentiel, poursuivent les pilotes", partis après avoir créé l'association des Mousquetaires volants. "La moindre erreur était une faute, et nous devions être bien organisés. Le respect du rôle de chacun est primordial ".

L'univers de Fort Saganne
Les quinze jours de navigation entre amis se terminent de la plus belle manière. D'autant que la seconde vocation du Toulouse-Saint-Louis est d'apporter médicaments ou aide financière à des ONG oeuvrant dans cette partie d'Afrique de l'Ouest. Les pilotes du pays de Sarrebourg avaient un objectif précis avant de partir : prendre des contacts et repérer des lieu où ils pourraient ci une aide humanitaire conséquente dans le cadre du rallye en 2003. Non seulement ils reviennent vainqueurs, mais ils ont déjà quelques idées sur les projets possibles. "On va creuser la question. Nous avons été touchés par la ville de Chingetthi, aux portes du désert mauritanien, non loin de l'endroit où le film Fort Saganne a été tourné. Un endroit et un accueil incroyables". Les concurrents ont pu visiter la bibliothèque de Chingetthi, classée par l'Unesco au patrimoine mondial.
La première place au rallye leur offre la possibilité de participer de nouveau à moindre frais. Dans les jours qui viennent, ils vont se réinscrire "pour en faire profiter d'autres", et surtout savourer la victoire, à travers le regard de l'auteur du Petit-Prince.

Les Mousquetaires à leur arrivée à Sarrebourg hier après-midi :

" Nous sommes restés organisés et respectueux du rôle de chacun ".

 

(article signé Philippe CREUX extrait du Républicain-Lorrain)