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LEON SCHIVY
1905 – 1944 (39 ans)
Mesdames, Messieurs,
Cette année, pour cette commémoration, nous avons l’honneur de dévoiler un nom sur notre monument aux morts.
C’est celui de Léon SCHIVY.
Ce n’était pas un oubli, mais le fruit de la tragédie qu’a pu constituer la Seconde guerre mondiale dans notre Commune, alors annexée au IIIe Reich. Le souvenir de Léon SCHIVY rappelle le drame des Malgré-Nous, qui a meurtri profondément la Moselle et l’Alsace et qui fut si longtemps incompris par la République française
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La mort de Léon SCHIVY ne fut officialisée par un acte d’état civil qu’en 2013, cet acte précise qu’il est décédé postérieurement au 1er septembre 1944 à Oranienburg (Allemagne)
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En 2015, la mention « Mort en déportation » fut inscrite en marge de cet acte : en effet, Oranienburg est le lieu où se situait le camp de concentration de Sachsenhausen.
Léon SCHIVY est né le 26 février 1905 à Buhl. Il était l’un des fils ainés de la famille nombreuse SCHIVY qui habitait sur cette place, en face de nous et de ce monument.
Il a été arrêté par les allemands dans la cuisine familiale, en présence de sa mère et de ses sœurs. Cette arrestation s’est faite en représailles de la fuite de ses deux plus jeunes frères, qui ne se sont pas présentés à l’appel de l’occupant (travail obligatoire ou incorporation de force).
L’un des deux frères, Pierre SCHIVY, relatait encore cette sombre histoire familiale au début de cette année 2019. Pierre s’était alors caché à Réding après avoir emmené son autre frère en zone libre.
Pour cette raison, Léon a été pris en otage comme on disait à l’époque, certainement emprisonné dans un premier temps à Sarrebourg puis déporté vers l’Est. Léon n’est jamais revenu à Buhl dans la ferme familiale.
Il a été rapporté à la famille par M. Paul METZ, déporté survivant, que Léon aurait été abattu lors d’une des marches de la mort au moment de l’évacuation du camp, trop épuisé pour continuer à avancer.
Les parents SCHIVY n’ont jamais accepté cette mort et n’ont donc pas demandé à faire porter leur fils disparu sur le monument de Buhl.
Son frère, Pierre SCHIVY a vécu jusqu’à l’âge de 102 ans, avec le poids de ce souvenir. Il est décédé le 05 août dernier.
C’est pourquoi, faire inscrire le nom de Léon SCHIVY sur notre monument, c’est rendre hommage à toutes les victimes de cette guerre qui s’achevait il y a 75 ans et c’est aussi rendre hommage à toutes les nombreuses familles qui ont été profondément bouleversées par ce conflit, durant lequel le prix de la lutte pour la liberté contre la barbarie et contre l’oppression s’est inscrit jusque dans la chair.
Ne l’oublions jamais.
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