Notre Patrimoine

LA PETITE MAISON

Dans sa séance du 19 mai 2000, le Conseil Municipal de Buhl, après délibération, décide de démolir l'immeuble numéro 7, rue de l'Eglise, vu sa vétusté et considérant la réhabilitation trop importante.

 
Pour un buhlois curieux, se rendant sur place, " l'immeuble " en question était bien petit : une maisonnette ... avec un rez-de-chaussée dont on ne pouvait apercevoir qu'une seule façade percée d'une seule fenêtre et d'une porte ; la façade se prolongeant maladroitement par deux portes de remise sans âme.
(Collection privée B.H.)    

La modestie de la maisonnette égalait sa timidité. Écrasée par le bâtiment de l'école primaire, elle cherchait réconfort en se blottissant contre la maison voisine. On sentait également qu'elle quémandait constamment un peu de lumière et de chaleur car les quelques rayons de soleil que lui abandonnaient ses voisins ne pouvait sécher que rarement ses vieilles pierres humides.

 
Enfin, la simplicité qui imprégnait la façade se hissait naturellement vers elle, au travers de quelques marches étroites en béton, pour atteindre un perron sans horizon aucun.

Seul un ancien numéro de maison
, également oublié au-dessus de la porte, interpellait le passant.
(Collection privée B.H.)    

La petite maison avait-elle seulement une histoire ?

Pour le savoir, il a fallu tourner les pages de l'oubli jusqu' en 1829 ! En mars de cette année, les membres du Conseil Municipal après avoir vérifié les revenus communaux ont reconnu que les ressources ne permettaient pas de construire une petite maison à l'usage des écoles et qui est pourtant d'une nécessité indispensable. Ils précisaient : la maison commune de ce lieu qui sert de logement à l'instituteur et de maison d'école pour les garçons étant trop petite pour renfermer les deux sexes et y loger l'institutrice, la Commune se voit donc absolument obligée de construire une petite maison pour loger l'institutrice a côté de la maison communale. En conséquence, ils prient le Préfet de les autoriser à vendre du bois et d'utiliser les revenus de la vente pour la construction de ladite maison destinée pour la tenue des écoles.


L école au début du 19°siècle à Buhl

L'école de garçons.
On trouve un régent d'école ou maître d'école dès 1700 à Buhl. Le terme " instituteur " apparaît après la Révolution. En 1823, la Municipalité traite avec le sieur François Gaertner, instituteur public, et observe qu'elle possède une maison pour loger l'instituteur actuellement en bon état et un jardin y attenant. Elle lui vote une rétribution fixe, en outre, il lui sera payé des élèves qui apprennent à écrire par hiver (comme il n 'existe point d'école en été ) un franc par enfant et pour ceux-là qui n 'apprennent qu 'à lire soixante-quinze centimes. Le paiement devra s 'effectuer en deux termes égaux.
Savoir : le premier sera donné à quinze jours de l'entrée dans les écoles et le dernier à Noel. Le sieur Gaertner sera en outre indemnisé par la Commune pour l'enseignement gratuit des enfants pauvres.
Une liste du nombre des indigents et dressée chaque année, (quinze en 1830). // instruira dans les écoles, qui auront lieu deux fois par jour (seulement en hiver), à commencer de sept heures du matin jusqu 'à dix heures, l'après-midi d'une heure jusqu 'à quatre, la lecture, l'écriture et le calcul décimal. Le catéchisme sera répété toutes les semaines le samedi après-midi, les jours de congé seront les jeudis aussi l 'après-midi.

L'école de filles.
En avril 1824, les élus décident de garder certains revenus pour les dépenses imprévues, telles qu'indemnité de logement due à la soeur institutrice et achat de bois de chauffage. Une soeur se charge donc déjà à Buhl de donner l'instruction aux filles. Fait assez singulier mais dont les archives restent très discrètes. L'enseignement donné aux filles, sûrement moins considéré à l'époque, ne dispose pas au village d'un local communal.
L'enseignement donné aux filles, surement moins considéré à l'époque, ne dispose pas au village d'un local communal.
La classe comme dans bien d'autres villages se fait dans une pièce assez grande pouvant être chauffée (Stub) et mise à disposition le jour par un habitant aisé du village, la Commune fournissant le bois de chauffage. Mais nulle trace d'un contrat avec l'enseignante, ni surtout d'un traitement alloué, cependant les frais de son hébergement chez un particulier lui sont remboursés. Vivait-elle de la charité des villageois ?

La séance du Conseil Municipal en mars 1829 (voir plus haut) a une cause bien précise : la soeur est décédée. Son acte de décès du 10 décembre 1828 mentionne qu'elle était institutrice, domiciliée et née à Buhl, âgée de quarante deux ans, elle s'appelait Catherine KERN fille des défunts Antoine KERN et de Marie Anne KROMMENACKER et qu'elle est décédée au domicile de Jean KERN, maréchal-ferrant. Ainsi la soeur était une enfant du village et vivait dans sa famille. Sa disparition et son remplacement posent donc quelques soucis aux conseillers municipaux.

Notes : En 1762, l'abbé MOYE fonda en Lorraine la Congrégation des soeurs de la Divine Providence, dans le but d'instruire les enfants à la campagne et surtout dans les hameaux les plus abandonnés. Il envoya les soeurs " sans leur donner aucun denier, les exhortant à mettre leur confiance en Dieu et à s'abandonner entièrement à la Divine Providence ". Un noviciat fonctionnait à Hommarting en 1812, il fut transféré à Saint Jean de Bassel en 1827.

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