TRIBULATIONS D'UNE POMPE A INCENDIE  (suite)

Primo, les calculs sont ainsi moins compliqués : 700 fr. seront nécessaires selon l'architecte Pierson pour la réparation du presbytère mais on sollicitera le secours du gouvernement. A cette somme il faudra joindre 300 fr., salaire des gardes champêtres qui n'ont encore rien perçu de 1823. Quant aux revenus du Hombesch, ils serviront comme "dépenses imprévues, telles qu 'indemnité de logement due à la soeur institutrice et achat de bois de chauffage".
Secundo, nos élus ne peuvent être accusés de mauvaise foi, les travaux au presbytère se justifient. Un rapport de novembre 1823 précisait déjà : "L'assemblée municipale est parfaitement convaincue que pendant les temps de pluie, le pasteur se trouve dans la cruelle position de faire placer des verres sur son grenier, même au-dessus de son lit pour recevoir les gouttières" !

Ces pluies auraient-elles également noyé le projet de notre pompe à feu ? Que nenni !
Les sinistres répétés poussent les élus municipaux à faire une nouvelle tentative lors de leur séance du 29 décembre 1825. "Le conseil considère que les démarches du Maire voulant procurer à la commune une pompe à incendie, tant désirée par les habitants, sont de naturel à être pris en considération, estime que le prix d'une pompe bien conditionnée pourrait être porté de 1.200 à 1.400 fr., que l'administration forestière en accordant une certaine quantité d'arbres de la forêt communale et d'autres bois qu'elle jugerait nuisibles produiraient la somme estimée. Il a été constaté que dans l'espace de quatre années, cinq incendies ont porté la consternation parmi les habitants et qu 'une partie du village aurait été réduite en cendres sans le secours des pompes étrangères. Le conseil estime que la présente soit soumise à l'administration forestière et recommandée à ses bontés bienveillantes ".
Hélas ! les bontés forestières n'auront pas la bienveillance de tendre la perche à nos délibérants pour les tirer de leurs ennuis financiers !

Quelques années plus tard en 1832, nous voyons le Maire Dominique Zengler adresser une nouvelle requête au Préfet.

En dehors des sinistres avec leurs conséquences fâcheuses, il lui précise : " Etant de toutes parts éloignés des communes possédant des pompes à incendie, nous ne pouvons être secourus que par la bienveillance de nos concitoyens et, avant leur arrivée, les flammes ont consumé une partie des malsons atteintes soit du feu du ciel ou de toute autre nature".
Pour payer la pompe, il ajoute : " Nous possédons une partie de forêt appelée Kleinwald contenaht 3 ha 50 a, dans laquelle il se trouve douze à quatorze arbres, bois de chêne et hêtre, ainsi qu'une quantité de bruns, de hêtres, bois blancs et que nous désirons exploiter et d'en faire une petite coupe et dont le produit en résultant doit être employé à l'acquisition d'une pompe à incendie (et suit cette remarque bizarre) d'autant plus que les pauvres gens sont journellement occupés à la dévastation de la dite forêt qui, sous peu et par ces temps malheureux, ne fera plus qu'une clairière " !
C'est appel lancé vers la forêt du Kleinwald restera aussi sans écho !

Après quatre années de silence, voilà que le gouvernement lui-même réamorce notre pompe en offrant la somme de 500 fr. aux communes désireuses d'en acheter une, estimée maintenant à 1.800 fr.
Les années de réunions, de propositions, de démarches pour trouver l'argent ont fatalement refroidi l'enthousiasme de ses partisans. La réponse est à l'image de leur état d'âme. "La commune n'ayant aucune ressource pour faire l'achat d'une pompe à incendie et par conséquent est hors d'état de faire une offre de 1.200 fr. pour être employée à cet effet ".

Et malgré l'insistance du Conseil Général, en octobre 1836, à faire un effort et son encouragement sous forme de 400 fr. supplémentaires à titre de secours, Buhl abandonne . "La commune n'ayant aucun moyen pour se procurer une pompe à incendie et, pour faire une souscription volontaire, les habitants de la dite commune sont trop pauvres et ne souscriraient pas et pour réunir une autre commune avec la nôtre, presque toutes les communes voisines ont déjà chacune une, excepté Schneckenbusch qui est hors d'état comme la nôtre ".

 

Et malgré l'insistance du Conseil Général, en octobre 1836, à faire un effort et son encouragement sous forme de 400 fr. supplémentaires à titre de secours, Buhl abandonne . "La commune n'ayant aucun moyen pour se procurer une pompe à incendie et, pour faire une souscription volontaire, les habitants de la dite commune sont trop pauvres et ne souscriraient pas et pour réunir une autre commune avec la nôtre, presque toutes les communes voisines ont déjà chacune une, excepté Schneckenbusch qui est hors d'état comme la nôtre ".

Qui ne peut ne peut.
La commune de Buhl, avec un ban relativement vaste, n'est pas la plus à plaindre dans la région. Pourtant, elle ne peut compter que sur de faibles recettes, moins de 2.000 fr. annuels. Gérer les dépenses ordinaires de fonctionnement posait un problème continuel au Maire. Honorer les contrats annuels, comme celui de l'instituteur fixé à 300 fr. ou ceux des gardes champêtres et du garde forestier, nécessitait souvent à recourir à des impositions extraordinaires. Entreprendre de gros travaux jugés indispensables, tel l'agrandissement de la maison d'école décidé en 1836 et estimé à 1.200 fr., demandait non seulement à s'imposer spécialement mais encore à recourir à une vente de biens communaux et à supplier les autorites pour un secours tres hypothetique.

Quant à se permettre des extra, et notre pompe devait être perçue ainsi par certains, les dirigeants, même armés d'arguments justifiés, trouvaient rarement le courage nécessaire pour soumettre l'ensemble de la communauté à une générosité supplémentaire.

En 1836, le projet de se doter d'une pompe à feu semble donc être définitivement tombé à l'eau. Et après .. ?
Sûrement, y eut-il d'autres réunions aboutissant sur autant de tentatives infructueuses, mais surtout d'autres incendies. L'un d'eux a peut-être détruit les documents qui pourraient nous renseigner.


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