CAHIER
DE DOLÉANCES DES PRÉVÔTÉS BAILLIAGERES DE
SARREBOURG ET DE PHALSBOURG
INTRODUCTION
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CHAPITRE
II.
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Les Cahiers
1. FOND.
Il
n'y a pas lieu de faire ici une critique générale des cahiers de doléances
des deux prévôtés bailliagères de Sarrebourg et de Phalsbourg. Ce qui
a été dit jusqu'ici dans l'Annuaire de la Société d'histoire et d'archéologie
de la Lorraine sur les cahiers d'autres bailliages (3) vaut
également pour nos cahiers.
Nous ne traiterons donc ici que des choses particulières aux communautés
du pays de Sarrebourg et de Phalsbourg, soit qu'elles ne se trouvent
pas dans les autres cahiers, soit qu'elles aient une importance spéciale
pour ce pays, c'est-à-dire les cantonnements, les cens et rentes, la
gabelle, les routes, le tabac, les usines à feu.
§
1. Les cantonnements de troupes.
La
ville de Sarrebourg était depuis 1636, donc déjà avant l'annexion de
1661, un entrepôt de toutes les munitions et provisions nécessaires
à l'armée.
La ville de Phalsbourg le fut également surtout depuis qu'on l'avait
fortifiée en 1679. Si à Sarrebourg il n'y avait pas de casernes de cavalerie
pour les deux escadrons qu'on y mettait quelquefois, à Phalsbourg, il
y avait bien des casernes pour la cavalerie et l'infanterie, mais elles
étaient tout à fait insuffisantes.
La garnison ordinaire se composait de deux bataillons d'infanterie et
de deux escadrons (4). Quand les troupes royales passaient dans
le pays, soit en venant de Nancy ou de Metz pour aller en Alsace, soit
en revenant de cette contrée, elles logeaient dans les deux places et
dans les villages qui se trouvaient sur ou près de la grand'route, Bühl,
Imling, Hoff, Réding et Bébing, autour de Sarrebourg, Mittelbronn et
Danne-et-Quatre-Vents près de Phalsbourg.
Pour faciliter la mise en cantonnements dans les quatre premiers villages,
on avait construit par corvées, peu de temps avant la Révolution,
des chemins qui devaient les relier à la route militaire conduisant
à PhaIsbourg (5).
Les communes intéressées demandent soit dans leur cahier particulier,
soit dans le cahier général du Tiers état des deux prévôtés que ces
chemins nouveaux, rendant service au roi, soient aussi entretenus aux
frais de la province, comme les autres routes royales.
Douze ou quinze fois par an, nous dit le cahier de Bühl, on avait
ainsi des soldats à loger et cela sans indemnité. Sans doute, ces troupes
recevaient leur nourriture des entrepreneurs avec lesquels l'autorité
civile avait fait un contrat, mais les habitants étaient obligés de
fournir aux soldats au moins de la lumière, du sel, du bois, peut-être
encore des lits et des draps.
Quand on considère le prix de ces objets au X'VIIIe siècle, on comprend
les plaintes exposées dans les cahiers, le désir de voir supprimer
ou du moins réduire les droits seigneuriaux et la demande de construire
des bâtiments propres à loger les troupes de passage. L'obligation du
cantonnement était d'autant pénible que la majeure partie des habitants
ne comprenait pas langue des soldats et qu'en général ces militaires,
recrutés un peu partout, ne brillaient pas toujours par leur bonne conduite.
Le
cahier de la ville de Sarrebourg et le cahier commun du Tiers état
des deux prévôtés énumèrent même les avantages qui recommandaient
l'établissement dans la ville d'un corps de casernes pour la cavalerie,
demandé à plusieurs reprises, longtemps avant la Révolution : abondance
et qualité du fourrage, bonne qualité des eaux, soulagement des bourgeois
de la cité "foulés par les passages réitérés des troupes" ,
pour les habitants de la campagne "un débouché avantageux pour
la consommation de leurs denrées et un bien pour l'agriculture à cause
des engrais et fumiers qu'elle (la cavalerie) procurera".
(3)
Fr. W. HUSSONG , Cahiers de doléances des communautés en 1789
Annuaire de la Soc. d'hist. et d'arch. lorr., t. XXIV, 1912. P. LESPRAND,
Quelques mots sur les cahiers de doléances des commune 1789. Annuaire,
t. XVIII, 1906.
Dr MÖCKELT, Lothringen nach den cahiers de doléances von 1789,
Heidelberg, 1927.
(4) STéMER, op. cit., p. 185.
(5) L. BOUR, , Rieding, Eich, Klein-Eich, Metz, 1932, p. 57.
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