CAHIER DE DOLÉANCES DES PRÉVÔTÉS BAILLIAGERES DE SARREBOURG ET DE PHALSBOURG
INTRODUCTION

Chapitre II - Les Cahiers  (suite)

§ 6. Usines à feu.

   Les  "usines à feu",  verreries et faïencerie, construites aux pieds des Vosges, se servaient de bois pour la fabrication de leurs produits. La conséquence inévitable en fut une diminution considérable de la richesse naturelle des forêts de cette partie de la Lorraine. C'est à cet emploi exclusif du bois que les cahiers attribuent en première ligne l'augmentation extraordinaire du prix du bois dans les dernières années.
La population des deux prévôtés demande donc une abolition ou une diminution de ces usines à feu. Celles que les cahiers ont spécialement en vue, et dont, en 1814, le Conseil général de la Meurthe demandait la limitation, sont, outre la faïencerie de Niderviller, les verreries de Saint-Quirin, Vasperviller, Harreberg, Plaine-de-WaIsch et Soldatenthal.

   La plus ancienne verrerie est celle de Lettenbach (autrefois Leutenbach), commune de Saint-Quirin, appelée communément Verreries de Saint-Quirin. Fondées au XVe siècle par les Bénédictins du prieuré, détruites pendant la guerre de Trente ans, elles furent rebâties en 1739 par l'abbaye de Marmoutier dont dépendait le prieuré, et acquirent de la célébrité par  "leurs beaux verres en cristallin et en table".  L'établissement acheté en 1762 par Ména et Compagnie était un des plus considérables de l'Europe.

   Vasperviller, également commune de Saint-Quirin, avait aussi une verrerie à la Marcarie et un polissoir de glaces à Sainte-Claire. Les verreries de Saint-Quirin consumaient 12.000 cordes de bois par an.

   La verrerie de Harreberg, commune de Hommert, avait été fondée en 1723, probablement pour remplacer celle de Waltembourg, ancien ban de Kourzerode, qui cessa, en 1724, faute de combustible. Le hameau s'appelait, encore en 1787, Verrerie de Waltembourg.

   La verrerie de Plaine-de-WaIsch,  "verrerie dite La fontaine verte de la plaine de Valche", fut fondée en 1707 par les seigneurs de Lutzelbourg et transférée en 1855 à Vallérysthal, commune de Trois Fontaines, où une succursale avait été construite dès 1836 par Auguste-François-Eléonore, baron de Klinglin.
Dans la forêt appelée Freiwald, avait existé autrefois une verrerie, à l'emplacement de laquelle Antoine de Lutzelbourg en avait bâti une autre, en 1699.

   Une verrerie ancienne et fort intéressante était celle du Soldatenthal  (Grand Soldat), fondée en 1722. Par acte du 18 octobre 1855, la moitié en fut jointe aux manufactures verrières et dépendances de Plaine-de-WaIsch et Vallérysthal.

   La faïencerie de Niderviller, fondée en 1754 par Beyerlé, directeur des Monnaies, était depuis 1770 propriété du comte de Custine. Cette manufacture eut de 1776 à 1780 une grande réputation à cause de ses produits d'un beau vernis (14). La manufacture consumait au moins mille cordes de bois par an.

 

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Les cahiers qui ne contiennent pas de plaintes contre le seigneur ou le décimateur, sont en petit nombre : ce sont ceux de Danne-et-Quatre-Vents, Haselbourg, Hoff, Niderviller.
Certains sont remplis de récriminations, comme ceux de la seigneurie de Bourscheid (Bourscheid, Kourtzerode et Waltembourg), qui ont 12, 14 et 15 articles contre MM. d'Elvert ; ce n'est que dans le dernier article qu'ils se souviennent  "du bien général de l'Etat"  pour s'en rapporter  "à la sagesse et aux bontés de Sa Majesté et des Etats généraux".
Bébing, Gelucourt, Hommarting, Lezey, Réding se distinguent également par leurs plaintes contre leurs seigneurs ; celui de Réding  jouissait, jusqu'à la Révolution, du droit de forfuyance et de formariage.
Quatre cahiers se plaignent du clergé ou des couvents qui les intéressent particulièrement : ce sont ceux de Bébing, Donnelay, Garrebourg, Gelucourt.
Les intérêts locaux sont la grande préoccupation de la plupart des communautés (Sarrebourg, Phalsbourg, Bourscheid, Brouviller, Danne-et-Quatre-Vents, Donnelay, Garrebourg, Haselbourg, Hultehouse, Lezey, Lutzelbourg, Mittelbronn, Réding).
Les paroisse qui étaient situées au pied des Vosges se plaignent particulièrement et avec raison, de leur pauvreté.

(14) Voir, sous les noms indiqués, das Reichsland, op. cit. ; Statistique du département de la Meurthe, Nancy, 1822 ; STEMER, op. cit., p. 25 ; die alten Territorien, op. cit., ; Visite canonique de Brouderdorff, 1714 ; Statuts de Société anonyme des verreries de Plaine-de-Walsch et de Vallérysthal, Imprimerie centrale de Napoléon Chaix et Cie, Paris, 1856 ; Délibérations du Conseil municipal de Sarrebourg, 5 août 1793.

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