CAHIER
DE DOLÉANCES DES PRÉVÔTÉS BAILLIAGERES
DE SARREBOURG ET DE PHALSBOURG
Les "usines à feu", verreries et
faïencerie, construites aux pieds des Vosges, se servaient de bois
pour la fabrication de leurs produits. La conséquence inévitable en
fut une diminution considérable de la richesse naturelle des forêts
de cette partie de la Lorraine. C'est à cet emploi exclusif du bois
que les cahiers attribuent en première ligne l'augmentation extraordinaire
du prix du bois dans les dernières années. La plus ancienne verrerie est celle de Lettenbach (autrefois Leutenbach), commune de Saint-Quirin, appelée communément Verreries de Saint-Quirin. Fondées au XVe siècle par les Bénédictins du prieuré, détruites pendant la guerre de Trente ans, elles furent rebâties en 1739 par l'abbaye de Marmoutier dont dépendait le prieuré, et acquirent de la célébrité par "leurs beaux verres en cristallin et en table". L'établissement acheté en 1762 par Ména et Compagnie était un des plus considérables de l'Europe. Vasperviller, également commune de Saint-Quirin, avait aussi une verrerie à la Marcarie et un polissoir de glaces à Sainte-Claire. Les verreries de Saint-Quirin consumaient 12.000 cordes de bois par an. La verrerie de Harreberg, commune de Hommert, avait été fondée en 1723, probablement pour remplacer celle de Waltembourg, ancien ban de Kourzerode, qui cessa, en 1724, faute de combustible. Le hameau s'appelait, encore en 1787, Verrerie de Waltembourg. La
verrerie de Plaine-de-WaIsch, "verrerie dite La
fontaine verte de la plaine de Valche", fut fondée en 1707 par
les seigneurs de Lutzelbourg et transférée en 1855 à Vallérysthal,
commune de Trois Fontaines, où une succursale avait été construite
dès 1836 par Auguste-François-Eléonore, baron de Klinglin. Une verrerie ancienne et fort intéressante était celle du Soldatenthal (Grand Soldat), fondée en 1722. Par acte du 18 octobre 1855, la moitié en fut jointe aux manufactures verrières et dépendances de Plaine-de-WaIsch et Vallérysthal. La faïencerie de Niderviller, fondée en 1754 par Beyerlé, directeur des Monnaies, était depuis 1770 propriété du comte de Custine. Cette manufacture eut de 1776 à 1780 une grande réputation à cause de ses produits d'un beau vernis (14). La manufacture consumait au moins mille cordes de bois par an.
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Les cahiers qui ne contiennent pas de plaintes contre le seigneur
ou le décimateur, sont en petit nombre : ce sont ceux de Danne-et-Quatre-Vents,
Haselbourg, Hoff, Niderviller. (14) Voir, sous les noms indiqués, das Reichsland, op. cit. ; Statistique du département de la Meurthe, Nancy, 1822 ; STEMER, op. cit., p. 25 ; die alten Territorien, op. cit., ; Visite canonique de Brouderdorff, 1714 ; Statuts de Société anonyme des verreries de Plaine-de-Walsch et de Vallérysthal, Imprimerie centrale de Napoléon Chaix et Cie, Paris, 1856 ; Délibérations du Conseil municipal de Sarrebourg, 5 août 1793. |